En 2023, près de 60 % des établissements d’enseignement supérieur européens ont expérimenté au moins un projet pédagogique impliquant réalité virtuelle ou augmentée. Malgré la multiplication des dispositifs, les résultats sur la motivation ou la réussite des apprenants restent inégaux et parfois controversés.
Certains secteurs, comme la santé ou l’aéronautique, imposent désormais des modules immersifs dans leur cursus de formation initiale, tandis que d’autres renâclent à franchir le pas, invoquant le manque d’évaluations à long terme. Les attentes s’opposent aux usages réels, dessinant un paysage éclaté où efficacité et accessibilité ne font pas toujours cause commune.
Plan de l'article
La révolution immersive s’invite dans les salles de classe
Impossible d’ignorer la montée en puissance de la technologie immersive dans l’éducation. Désormais, il suffit d’un geste pour transporter une classe entière dans un environnement virtuel, transformant chaque erreur en opportunité d’apprentissage. Les casques de réalité virtuelle gagnent du terrain : aujourd’hui, plus de la moitié des universités européennes explorent des modules de formation immersive.
Ce nouvel apprentissage ne se limite pas à répéter des gestes. Il sollicite l’attention, éveille la curiosité, multiplie les situations concrètes à expérimenter. Un étudiant en santé se retrouve à ausculter un patient virtuel ; ailleurs, un futur ingénieur simule la réparation d’équipements complexes grâce à la réalité augmentée. Cette diversité d’outils numériques et d’environnements virtuels ouvre la voie à des parcours sur mesure, adaptés au rythme de chaque apprenant.
Voici ce que permet cette nouvelle approche :
- La formation professionnelle s’appuie sur des scénarios vivants, offrant à l’apprenant la possibilité de corriger immédiatement ses choix.
- Les technologies immersives encouragent l’expérimentation sans danger, avantage décisif dans les secteurs où la technicité prime.
- L’intégration des technologies immersives dans l’éducation fait émerger des questions sur l’équité, mais ouvre aussi de nouvelles perspectives pour tous.
Avec la formation immersive, la relation au savoir se réinvente. L’élève ne se contente plus d’assimiler : il devient acteur, mis au défi par la complexité du réel à travers la réalité virtuelle augmentée.
Quels changements concrets pour les apprenants et les formateurs ?
L’arrivée des technologies immersives bouleverse les habitudes en classe. Pour l’apprenant, la frontière entre théorie et pratique s’efface. Un scénario construit à partir d’un environnement virtuel place l’étudiant au centre de l’action. L’expérience devient plus vivante, plus engageante. La formation immersive accélère l’acquisition de compétences pratiques tout en facilitant l’engagement et la rétention de l’information. Ce qui relevait de l’exception, simuler une situation trop coûteuse ou dangereuse à reproduire en vrai, devient accessible à tous.
Les formateurs, quant à eux, redéfinissent leur rôle. Finie la simple transmission du savoir : ils conçoivent désormais des scénarios pédagogiques et accompagnent des parcours individualisés. Les outils numériques, les tuteurs virtuels et le feedback adaptatif leur permettent de suivre chaque progression, d’ajuster le contenu au fil de l’eau. La personnalisation s’incarne concrètement grâce à l’adaptive learning.
La dynamique change pour tous :
- Les apprenants testent, recommencent, s’approprient l’expérience.
- Les formateurs observent les progrès en temps réel et adaptent leurs interventions.
La formation professionnelle gagne en richesse : gestes métiers, prise de décision, aptitudes relationnelles, tout peut se travailler dans des environnements virtuels à l’abri du moindre risque. Le passage du savoir à l’action devient plus direct, l’expérience plus dense.
Des exemples inspirants qui bousculent les codes de la formation
L’essor de la réalité virtuelle immersive bouleverse les habitudes. Prenons l’exemple de la formation en santé : grâce aux casques de réalité virtuelle, les étudiants s’entraînent à réaliser des gestes techniques et à suivre des protocoles, sans crainte de conséquences irréversibles. L’erreur devient un moteur : chacun répète, ajuste, progresse. Ce dispositif accélère le développement des compétences pratiques et renforce la confiance dans le geste professionnel.
Dans les filières techniques, les visites virtuelles immersives rapprochent l’enseignement de la réalité. Un groupe d’apprentis parcourt une usine reconstituée à partir de plans existants : ils découvrent les lignes de production, comprennent l’organisation des flux, voient la théorie prendre forme. Les outils numériques offrent ainsi une nouvelle façon d’appliquer concrètement les notions étudiées.
Quelques usages illustrent cette évolution :
- La formation immersive s’impose dans la prévention des risques industriels, en simulant des situations d’urgence impossibles à organiser dans la réalité.
- Les technologies immersives rendent l’accès aux dispositifs de pointe possible y compris pour des publics éloignés des grands centres urbains.
L’immersive learning ne relève plus du simple test. Son essor dans l’éducation-formation marque un basculement : apprendre, ce n’est plus seulement retenir, c’est agir, ressentir, comprendre en contexte.
Intégrer l’immersion : questions à se poser avant de franchir le pas
Avant de choisir d’introduire les technologies immersives dans un parcours d’éducation-formation, il faut s’interroger sur les usages réels et les besoins du public. L’accessibilité doit guider chaque décision : les environnements virtuels ou la réalité virtuelle augmentée sont-ils adaptés à la fois techniquement et pédagogiquement ? Les obstacles matériels restent une réalité, mais la véritable question de l’inclusion dépasse la simple disponibilité des équipements. Elle concerne la capacité de chaque apprenant à s’approprier ces nouveaux outils numériques.
La montée en compétences des enseignants apparaît comme un levier déterminant. Il ne s’agit pas seulement de maîtriser l’outil, mais de s’approprier une démarche : comment concevoir des scénarios immersifs adaptés, pertinents, capables de stimuler l’innovation pédagogique ?
Quelques points de vigilance méritent d’être anticipés :
- La mise en œuvre implique d’envisager la maintenance et l’accompagnement technique nécessaires.
- L’utilisation des technologies immersives doit s’inscrire dans une réflexion globale sur l’équilibre entre présentiel, distanciel et formats hybrides.
Accessibilité, inclusion, formation des enseignants : ces trois piliers soutiennent toute démarche d’intégration des technologies immersives. Impossible de généraliser ces outils à marche forcée. Leur adoption se construit sur le terrain, au fil du dialogue entre ambitions pédagogiques et contraintes techniques. Le virage de la formation immersive, c’est une aventure collective, faite de tâtonnements, d’ajustements et de découvertes. L’éducation saisit ainsi une occasion rare : rapprocher l’apprentissage de l’expérience, et ouvrir d’autres horizons à celles et ceux qui apprennent comme à ceux qui transmettent.